Elle & Elle .
Au cimetière des amours blessées. Ces rêveurs désabusés. Des amants solitaires. Des maîtresses idylliques. Au cimetière des amours blessées. Ces rêveurs idylliques. Des amants désabusés. Des maîtresses solitaires. Au cimetière des amours blessées. Ces rêveurs solitaires. Des amants idylliques. Des maîtresses désabusées. Le fond de la pièce ne changent pas, les passants sont parfois nouveaux, mais l’histoire est toujours la même. Il est plus simple de goûter au venin de la vie que de rester sur le chemin. Il est plus facile de cédée aux jolies fraises de la forêt noire et de rencontrer le grand loup que de suivre l’assurance d’un sentier déjà emprunté.
Je te voyais t’éloigner. Chancelante, sur le petit trottoir bordé de lys qui se mourraient en silence. L’automne créait cette brise assombrie, ce vent qui emportait les âmes pour les troquer contre des neuves plus tard au printemps. Quelques feuilles se soulevaient derrière toi, légère danse macabre, ton corps funèbre se laissait transporter par tes pas tanguant. Cette danse me fit frissonner, le temps d’un instant de perte de conscience. Oubli du temporel tranchant. Langoureusement, je pris place aux abords de la grande fenêtre. Avais-je réellement eus le droit de partir avec cette partie de toi? De garder à mes côtés tant d’années de trésors? Cette beauté pudique, ce souffle secrètement échappé, ce moment que l’on ne vivait qu’en rêve il y pourtant si peu de temps. Tu ne te retournais pas sur ton chemin, mais plus le tournant de la rue approchait, plus tu ralentissais. Je restai là, bien visible, j’avais la peau couverte de cette ambiance trop glaciale qui régnait dans la pièce, ma chair nue sous le voile sensuel qu’avaient laissée sur moi les marques de tes morsures, de tes baisers passionnés et de quelques doigts et ongles agrippés. Finalement tu arrivas au recoin, ton être implorait tes jambes de l’entraîner plus loin, mais je te savais envieuse. Te me regardas, un instant nos yeux, de si loin qu’ils puissent être, se dirent ce que deux êtres ainsi mêlés quelques minutes auparavant n’avaient le courage de se désavouer. Tu repris cette marche, ma main était restée au creux de ma poitrine, entre mes seins, et l’autre que j’avais laissé choir. Toi, petite fille, qui repartait en femme, dans cette démarche intimement tremblante. On aurait dit que tu te battais avec cette réalité que tu ne voulais pas accepter et tes souvenirs de gamine. Tu étais si jolie à voir, et moi, avec mes longues cuisses tant de fois mordues par ces Il champêtres, je triturais ces parcelles virginales que je t’avais prise.
Il saura rattraper le temps perdu. Ne reviens tout simplement pas ici…
La vie est étrange. Elle donne parfois l’impression de mourir pour mieux se sentir revivre…