Ô poète, il est permis de rêver ...
Le crépuscule déguste l’horizon
Les ruisseaux, veines des plaines, reflet du sang
La nuit se brûle le bout des lèvres
Les étoiles, vagabondes, effilochent ces lueurs brodées aux cieux
La caresse lunaire, épistolaire, nimbe l’aube
Les nervures étiolées s’écoulent sous ces quelques gémissements
Elle tombe lentement
Les jambes avancent
L’épiderme tremblant du sol
Le regard éteint des ombres éphémères
Le frissonnement sourd de la baie
La valse effrénée des dernières feuilles lascives
Elle s’étend doucement
Les jambes courent
Le souffle écorché de cette brise mortuaire
Le miroir fragmenté du creux des flots
La berceuse murmurée, voix des échos
La fascination délirante de ces astres figés
Elle tournoie tendrement
Les jambes trébuchent
La marée embrasse la rive
La vague berce le vermeil orageux
Le fleuve raconte son histoire
Elle s’endort fiévreusement
Les jambes s’étalent
Le temps pleure l’heure qui ne s’écoule plus
Le soleil demain ne lèchera pas la berge
Elle s’envole, prosaïque
Les ailes se déploient
La nature pour seule témoin raconte ses gestes derniers.