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Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
16 mars 2009

Ne pleures pas, tu vas déchirer le papier.

Milky_by_monislawa

Ton coeur enveloppé, tu regardes au loin la vitrine qui reflète les mouvements saccadés des choses de la rue, très loin, plus loin que l'horizon tachée de nocturne, le sol trop foulé se démolis et tombe, anéantis, dans un vide rempli d'échos pourtant déjà morts. Tu te redresses, sur des deux jambes, genoux tremblant, oscillante entre l'amertume de minuit et la mélancolie des étoiles qui se perdent dans le filament noctambulaire, filantes et défilantes embaumant les ciels de ce tango scintillant. Les nuages forment un grand voile de charbon au-dessus de toutes ces têtes trop lourdes, penchées en avant puis en arrière, inlassablement tiraillées par leur contenu excessif de songes dépassés. Si jamais le ciel laissait échappé une larme tu serais prise au dépourvue, ton corps serait alors comme du carton mouillé, ta peau de papier. L'envie de te faire belle te prend soudaienement, tu tournes sur ta gauche, ou ta droite peut-être, de toute façon, l'essentiel n'est pas de retracer le moindre détail fastidieux, tu tournes et puis voilà. Tu tournes comme on tournes dans une ritournelle, comme la grande roue, comme une feuille prise dans le vent, comme une tête pleine d'alcool, comme un coeur amoureux, comme pour entrer dans cette papeterie. Crayon bleu. Billet vert. Monnaie dorée. La clochette de la porte qui teinte dans ce silence retenue, comme son souffle avant de plonger dans l'abysse passionel. Et tu tournes, sur toi-même, de bonheur profané. Sur ton visage de papier tu remplies de pervenche et d'azur l'espace rester blanchâtre de tes prunelles. Le vent se lève et te soulève, ton rire s'élance hors de ta cage thoracique et s'éclate en mille éclats ensoleillés sur les vieilles grilles rouillés de ces devantures couvertes de briques. Tu te laisses transporter longtemps, l'oiseau fou d'avoir retrouver sa propre liberté jadis échappé de sa vieille volière déchire un bout de ton papier, ton corps entaillé flotte dans le vent, insouciante tu sembles dansé au coeur des nuages, entre l'éclat argenté de la lune assoupie et la mornitude de ces êtres de bois, pantins, qui couvrent la rue, comme des milliers de fourmis. La brise crépusculaire te projettes violement contre le bitume, la pluie frôle ton visage, l'encre bleuté de tes yeux se met à couler tendrement sur ton visage trempe. Tu te plis, tu joues de ton corps, comme une origamie, et te redresses ainsi enfin, de nouveau sur tes jambes tremblottantes, tes genoux se cognent entre eux, créant un bruit de boule de papier échappée sur le sol. Tu arraches un de tes doigts à ta main droite, celle couvertes de ces petits membres les moins utiles. L'alliance se passe à gauche. De toute manière. Tu roules, tu roules encore, puis allumes, consummes, brûles, tire sur le tabac et jette nonchalament dans la brume une fumée. Celle de cette cigarette improvisée que tu portes à tes lèvres chiffonées. Tu le vois arrivée, qui avances, son ombre imposante, d'un ébène éphémère, son grand manteau dessinant sur le sol des marques sinueuses. Ton coeur s'emballe, froissant le papier de ta poitrine. Une lueur paraît dans la nuit qui, s'abreuvant des mélodies de ton coeur, s'éclaire, amourachée de ce regard qu'il te lance. Tu en as fait du chemin, le vent t'auras tant secoué, mais il te retrouve, inlassablement. Sa plume embrasse tes lèvres, se glisse sur la naissance de ta poitrine offerte, découvre le creux de tes jambes, caresse le bas de ton dos, de mots, de phrase, de prose. Il est là, couvrant ton corps de papier de cette si douce et chaude poésie. Tu lui souris enfin, et lui efface les taches de tes yeux encore humide. Ton visage est bombé, de s'être fait trempé. Et il te prend la main, tu cherches et ne trouve nulle part de point, c'est qu'il n'avait pas envie de terminer, pas tout de suite du moins, pour mieux te garder près de son âme.

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Commentaires
C
Punaise... Tes mots...<br /> Ta vie a ce côté imaginaire que tu ne dois absolument pas perdre...
A
Ce texte est tout simplement dingue. Une femme en papier... J'adore ton imaginair (que de commentaires répétitif) et tes mots.
Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
  • Petit endroit pour vider mes poches de mes mots, coin de rêverie, de petits bonheurs et de nuages sombres qui voilent et tamisent parfois... Des douceurs, des petites larmes qui perlent le coin des yeux pourtant rempli d'étoiles et de Mots...
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