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Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
1 avril 2009

«La Vie est une espiègle qui m'espionne les yeux clos.», dit-il, entre deux roulements d'hanches.

Mistake__by_pietruszka

Il écoutait toujours du jazz, quand la lune perçait les nuages et crachait sa lumière dans la chambre. Les trompettes couvraient ses gémissements, les saxos vibraient plus que sa propre peau, mais la voix du chanteur n'écrasait pas ses paroles enrouées de sa voix rauque. Ses yeux écartelaient mon regard et il me comprimait dans cette mélancolie stridente, écrasant ma poitrine sur mon coeur qui vomissait quelque parcelle d'un amour imaginé. Du déchirement de papier au creux de sa paume, du trou qui persistait dans sa main, des fourmis s'échappaient et tombaient parfois sur mes cuisses pour chatouiller ma peau blêmie par ses mots échappés trop rapidement. Parfois il levait les yeux au ciel, mais je n'appercevais pas le blanc qui aurait dû encadré l'iris, il était taché d'encre, couvert de maux jetés à la plume, sous une lune qui n'avait alors pas apparut, disparue sous la densité opaque de l'orage. Sur les murs les cadrans se liquéfiaient, devenant mous et déformés, les femmes, nues, gisaient sur le balcon, les corps mis ensemble formait ce crâne funèbre qui me saluait d'un hochement de tête, hochement d'êtres. Ses lèvres pincés annonçaient que tout serait terminer, mais il me demanderait alors de continuer de rêver. La réalité pourrie comme un âne dans un piano tiré par le clergé accroché à sa propre corde. Et le sang tombe et ruisselle sur la fourrure pâle. La vie s'irrite, les plaies encore ouvertes et humides jaunissent, le temps efface les couleurs et noie le passé de noir et de blanc, sans voix, que des mots. La réalité me répugne, la vie déambule comme un cadavre ivre, elle tangue, divague, et hurle de douleur, elle est torturé, trituré, horrifié, dégoûté, répugnante, bonne à jeter. Il tombe sur son flanc couvert d'ecquimoses, répète, oublie, se relève, tourne en rond, hurle, pleure en s'écroulant, rit en se cognant les tempes sur le mur avachi, se tait, prend ses pinceaux et éclabousse la peinture sur le mur, arrachant lui-même ce qu'il lui reste de vêtements, sa cravate, sa chemise, deviennent lambeaux. Les femmes tombent du balcon, leur peau se laisse caresser au sol, par l'herbe perlée de rosée, demain matin on les découvrira, éparses. Il faut réitérer. Si on ne devine pas qu'il ne demande qu'à être entendu, il continuera son cirque, en tombant du fil de fer. La musique encore. Le disque tourne, sa tête aussi. La vie, sa chaire, putréfiée. Les ânes disparaissent, les femmes s'évaporent, comme la rosée, sous les landes solaires. Il se tait, pose sa tête contre le mur, laisse la peinture lui donné un tout autre teint. Ce n'est pas lui, c'est un simple soucis d'intégration. L'univers réel ne lui a pas fait de place, il ne lui restait que le surréalisme pour s'y réfugier.

THE BUZZ: Modest Mouse - The world at large (random video)

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Commentaires
D
Un imaginaire touchant, impressionant dans ce texte. Une ambiance angoissante... <br /> Se réfugier dans le surréalisme... Cela doit être tout de même assez spécial...
Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
  • Petit endroit pour vider mes poches de mes mots, coin de rêverie, de petits bonheurs et de nuages sombres qui voilent et tamisent parfois... Des douceurs, des petites larmes qui perlent le coin des yeux pourtant rempli d'étoiles et de Mots...
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Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
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