Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
9 février 2009

La Génèse d'un espace inconnu .

43d0369a3d4e06d8e4555e67e7f31946

Il posa sa main sur la poignée trop froide de la porte. Le temps semblait l'avoir rejetté, il regardait les autres vivrent, entraînés dans un courant duquel ils ne paraissaient pas pouvoir s'échapper, les heures qui l'avaient régurgitées. La porte s'ouvrit en silence sur cette pièce énorme, dans l'analogie la plus complètement, il l'a referma. Derrière son dos ils sentaient braqués contre lui des millier de paires d'yeux qui le fixaient, sa solitude creusait sa tombe dans laquelle il s'auterait à pieds joints. Il marcha longtemps, tournant en rond. Le bruit de ses pas dans la pièce qui cognait contre les murs et faisait écho le rassurait, il se laissait bercer, remplissant le silence étouffant de claquement de doigts, de fredonnements maladroits, et toujours plus fort, afin de ne plus entendre battre son coeur.
Il y eut un soir, puis un matin. Les articulations de son corps se couvraient de rouille, déjà sa marche macabre et somnolente se faisait dans un rythme beaucoup plus calme, pendant que lui, le regard perdu dans un vague chancelant, avait le crâne désséché. Il ne lui parvenait rien de l'extérieur, que le bruit de ses pieds sur le parquet de bois francs, et parfois un ricochet plus audible, plus fort, le faisait sursauter, lorsqu'il tombait sans raison. Les murs blancs ne semblaient pas changer de l'un à l'autre. Dehors pleuvait-il? Le soleil était-il enfin revenu nimbé les jambes de ces si jolies demoiselles qui couraient jadis devant sa maisonné? Il n'en savait rien. À vrai dire, il ne savait plus depuis bien longtemps. Cric, crac, cric, crac, cric, crac, cric, crac, et parfois crac encore, faisait le plancher sous sa ritournelle. Inlassablement il marchait, son imagination l'avait lâchement laisser tomber, seul, seul, seul dans un carré couvert de pénombre.
Il y eut un soir, puis un matin. Ses mains qu'il avait laissé choir dans le vide se promenaient sur son corps, déboutonnant sa chemise, cric, crac, n'oubliait pas de faire le bois franc. Le tissu qui glissait de ses épaules le fit frissoner, il aurait pourtant voulu s'arrêter, ce qu'il fit, quelques fragments d'instants, avant de déraper dans la profonde anxiété du silence et de reprendre son déambulement funèbre. La boucle de sa ceinture fit accélérer son coeur, troublé d'entendre ainsi un son plus fort que la mélodie qui revenait sans fin, comme un refrain qui tourne en boucle. Les battements qui cognaient contre ses tempes le bousculèrent, il accéléra le pas, cric, crac, se concentrait-il sur ses pieds, il levait les genoux plus haut, piaillait, se débarrassant de la ceinture. Puis, progressivement, tout en couvrant les cris de son organe vermeil, il ralentit. Le jeans alla rejoindre la chemise, caressant l'intérieur de ses jambes, il se mordit la lèvre. Elle lui manquait. Elle. Elle. Et elle valsait, là, au centre de la pièce, douce, les pants de sa robe légère, sa belle robe blanche, celle du dimanche, qui volait au vent, découvrant de longues jambes effilés, et son rire qui teintait la pièce. Un sourire se glissa secrètement sur ses lèvres, il tendit la main à ce mirage reposant. Et elle tournoyait, encore et encore. Et comme elle riait. Et comme il l'aimait... Des roses se dessinèrent sur sa robes, de petits bulbes d'abords, puis de grandes fleurs, qui laissaient couler sur ses jambes leur nectar. Du sang, du sang qui couvrait sa robe d'un bourgogne abusé, et elle hurlait, comme elle hurlait. Son coeur qui s'emballait, qui se jettait contre les os de sa cage le sortit de sa cauchemarderie, il secoua la tête, retira le caleçon, les chaussettes puis les souliers et marcha, impunément, obstinément, en rond. Sans elle. Ellle. Elle. Et elle s'était effacée.
Il y un soir, puis un matin. Parfois sous ses pieds il sentait la boucle glacée de la ceinture, d'autre fois la douceur de la chemise. Il tremblait. Mais il ne savait pas pourquoi. Peut-être de froid. Peut-être de fatigue. Peut-être des deux. Peut-être pas. De toute manière, il ne savait pas pourquoi. Ses os se déboîtait, son corps perdait ses membres qui, inertes, n'avaient plus de vie. Le sang commençait à coaguler, il sentait que l'aorte s'égratignait, cela lui plaisait bien, son coeur se tairait enfin. Il perdait la notion des choses, il perdait son souffle parfois, quand son corps oubliait de lui donner de l'oxygène, il perdait la voix, parce que sa gorge s'irritait, il perdait son âme, parce que ses songes devenaient des cendres qu'il oubliait dans ses pas, il perdait tout. Tout sauf la vie qui s'accrochait à lui, dans un désespoir qu'il dédaignait. Et il tournait, comme un carroussel qui ne s'arrête pas, et qui entraîne les enfants dans des rêves qu'il ne touchait plus que du bout de son regard. Et il tournait, encore, encore, encore...
Il y eut un soir, puis un matin. Ses pieds enquilosés reposaient sous le poid de son corps. À genoux sur le sol, il entrait ses ongles dans la peau de son avant-bras, creusant et pressant, laissant le sang former une flaque sur le sol pour y tremper son doigt et tracer des mots sur les murs. Il ne savait plus pourquoi il avait dessiné la première lettre, il n'en avait plus le souvenir, ni aucune impression, aussi vague soit-elle. Il écrivait. C'était simplement cela. Il écrivait comme il avait tourné en rond. Sans relâche, sans détermination. Rien. Que des mots et le silence.
Il y eut un soir, puis un matin. Il n'avait plus d'encre vermeil. Il fut forcer de se voir poser le point final, là, tout en bas dur dernier mur, dans un petit recoin taché de mots. C'était un boite à mots, avec un corps inerte, des vêtements perdus et le parquet peint de vie, de vermeil, peint d'amour, de passion, et un coeur, tout aussi silencieux. Tout tournait, rapidement. Le temps le regardait tristement, il n'avait pourtant pas de remords de l'avoir rejetté ainsi dans une pénombre inaceuillante, dans un vide sans fond, ni rien auquel se heurter. Le temps retourna à ses heures et laissa le reste s'en charger, la vie quant à elle, pleurait. Elle ne noyait dans de profonds torrents, dehors sur les fenêtres battait la pluie, la vie s'étouffait de sanglots. Elle aurait voulu le voir se dresser, elle maudissait le temps qui empoisonnait les hommes et les rendait fou, elle ne voulait pas lui pour allier. Elle ne voulait pas limites ni de barrières. Mais elle s'enfuie rapidement, filant, se faufilant, alors que la porte pour une dernière fois, s'ouvrit sur ce saccage poétique aux allures artistiquement prosaïques.
Il y un soir, puis un matin. Les sept jours de la Création étaient passés. Il avait fait naître un Monde où il irait s'installer. Où le temps ne lui ferait plus de mal, où les heures ne l'écorcheraient plus, où les minutes ne l'étreangleraient plus, où les secondes ne possèderaient plus ses gestes battus en retraits. Elle restait bouche bée, interloquée, interdite. Devant une scène immobile. Elle referma derrière elle. Puis, sans bruits, pour seule symphonie les battements sourds de son coeur, elle se mit à créer. Joignant son acte au sien, elle rédigea elle aussi, jusqu'en à oublier pourquoi elle couvrait les murs de mots. Puis, elle se glissa sur lui, posa sa bouche sur la sienne, son bras plaqué contre le siens, mêlant son sang, sa vie à sa mort, et dans un dernier souffle échangé, elle alla le retrouver. Hors du temps, s'aiment les amants, Adam et Ève, révolté de ce monde qui leur en voulait tant, partie dans le leur, créée de leurs propres mains, à la manière de celui qui les avait mis là, sur le chemin, sans qu'ils ne l'aient demandés.
Il y un soir, puis un envol...

Publicité
Publicité
Commentaires
C
J'adore, sur le cul, complètement...
A
Je ne savais pas qu'il était possible de trouver quelque part un texte pareil. Aussi beau. Bien écrit. Tout un talent..
N
Toute cette souffrance... Tes mots m'ont égorgés...
D
Je me taisais depuis tant de temps devant tes mots si sublimes. Ce texte est comme une giffle lente et douloureuse pourtant. Qui brûle la peau. Je ne peux pas rester en silence devant cette histoire si bien racontée, et cet espace créer pour cet homme qui tourne en rond. Je comprends son désarois, cette façon de vivre hors du temps et de sentir la vie qui file...<br /> Merci de tes mots.
J
souffle*
Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
  • Petit endroit pour vider mes poches de mes mots, coin de rêverie, de petits bonheurs et de nuages sombres qui voilent et tamisent parfois... Des douceurs, des petites larmes qui perlent le coin des yeux pourtant rempli d'étoiles et de Mots...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
Publicité