Le souffle court .

Quelques rayons de soleil pénétrèrent timidement au-travers de ses légers volets de bois. Ils nimbèrent les murs de la petite chambre, se glissant sur les meubles, se faufilant entre les décorations murales puis s'étalant de tout leur long dans la pièce maintenant apprivoisée. Nicolas ouvrit un oeil, puis le deuxième se fit curieux et la paupière se redressa, le laissant admirer les biens faits de cette journée ensoleillée. Il s'étira longuement, grognant légèrement, un sourire qui étirait le coin de sa bouche en rictus heureux. Le drap s'envola, tombant lentement, comme un cerf-volant oublié dans l'air, pour retomber en mills et un plis sur le petit lit simple d'enfant. Nicolas prenait son petit déjeuner, sifflotant un air qu'il avait envie d'inventer, l'accordant à ce rêve étrange qu'il avait fait durant la nuit. Quelques pas de danses, le bonheur attrapait ses chevilles mobiles, montait le long de ses jambes, grimpait sur son être, chatouillait son ventre, escaladait ses vertèbres, le bonheur teintait dans la pièce, embaumé du rire scintillant de Nicolas. Le jeune homme enfila des vêtements qui lui venait au hasard, prit son instrument et dévalla le grand escalier en colimaçon, prenant le temps de savourer chaque courbes de la chenille de fer. Puis ses pieds firent éclater un écho qui fit s'envoler les pigeons, des battements d'ailes, une percée glorieuse de créatures volantes au-dessus de sa tête, des personnages ailées dansaient dans les airs sur son chemin. Nicolas marcha sur le pavé, piaffant parfois, près des fiacres attelés non loin de là, et les chevaux tournaient la tête pendant qu'il courtisait une gente dame de mots enchevêtrés dans un somptueux language. Nicolas avançait parce que pour lui plus rien ne vallait la peine de le faire reculer. Puis, sur la grande place publique, il ouvrit son accordéon. Quelques notes réchauffèrent son coeur, son âme s'éveilla et se mit à valser pui à tanguer en lui, qui vascillait au rythme des mélodies. Des enfants se prirent la main et tournoyaient autour, des jeunes filles lui souriaient, timidement, rosée de plaisir, et il lui arrivait de leur lancer un vers ou deux de la prose de son coeur, comme on lance une rose au musicien scandé. Il leva un instant les yeux au ciel, son regard dégringola d'entre les nuages pour tomber dans ses prunelles, il était aller chercher là-haut un morceau de lueur, un grain de soleil, pour faire briller les yeux de Nicolas. Et il ne cessa pas un instant de jouer, se faisant par moment Poète, s'amusant avec les mots, les invitant à danser avec lui, à lui accorder quelques pas au-travers sa propre musique, et le monde tournait encore plus vite. La nuit vint le couvrir de son manteau frissonant, quelques couples s'échangeaient, en retrait, des baisers frivoles qui piquèrent le coeur de Nicolas. L'amour aimait la joie. Et Nicolas aussi. Parfois il laissait tomber ses paupières sur ses yeux, quand son âme lui soufflait à l'oreille de jolies images qu'elle puisait de l'imagination et qu'elle tissait en une magnifique histoire. Une fois que les cloche raisonnaient douze fois, Nicolas s'arrêtait de jouer, puis, l'accordéon bien serré dans ses bras, il rentrait chez lui. De son balcon, il se penchait pour envoyer un clin d'oeil à la lune qui le berçait dans son petit lit. Il n'était de plus beau bonheur heureux que la simplicité de ces moments qu'il attrapait en plein envol pour les faire siens. Nicolas jouait de l'accordéon et poétisait sur la place publique, les jours de beau temps, pour animer son coeur et sourire un instant. 

Comments

[Chibi]

J'aime bien cette petite joie tranquille, ce petit bonheur tendre. Ça redonne le sourire un instant. Des mots joyeux :)