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Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
17 mars 2009

Ensemble rime avec désordre.

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Une table, un cendrier. Nous étions alors des étrangers, esseulés dans une charmante romance, ensevelis dans le désir à double sens, et du présents nous nous étions fait prisonniers. Une rencontre inachevé, qui n'avait pas encore le chemin complètement dessinée. Et pourtant, toi, y avais-tu songé? Je me souviens simplement d'y avoir laissé tomber mon coeur, sans retenue, sans filament. Quelques mots sur du papiers déjà froissé, de l'encre qui s'écoule, qui tombe du bout de mes lèvres, de ces paroles que je ne retiens plus. Tu avais laissé au hasard le moment de ton départ, quelque chose qui restait loin de nous, derrière la fumée avec laquelle tu dessinais dans l'espace remplie des vibrations de nos êtres. Tu avais tiré le tabouret, tes pieds poussaient sur les pédales et tu suspendais les notes du grand être noir qui rayonnait dans toute sa pénombre bâclée. Je t'écoutais, toi, plus que la douce mélodie que tu glissais entre tes gestes, tes doigts glissants sur les touches, sans peur, ni aucune pudeur, je voyais tes yeux sourire et j'entendais ton âme respirer. Le vent dehors ne se calmait pas, il ne dansait plus avec les feuilles et les grands troncs revêtu d'un costume d'écorce, il se faisait violent, n'était que discorde, il nageait en douleur dehors, se cognant contre les parois maisnonnées. Colérique il vint ouvrir une plaie au ciel, les points de soutures tombaient, toutes ces heures à broder entre les nuages, tout ce temps perdu, la blessure devenu béante, le ciel se mit alors à saigner et contre les fenêtres battait le sang et l'orage. Ton sourire s'éteignit, tes mains immobiles au-dessus du grand piano, la bête noire silencieuse, des notes égorgées se fracassaient par terre. Petit pas, petit pas, petit pas... Je vins me glisser derrière toi, posant mes mains sur les tiennes, nos doigts s'épousaient tendrement, et le piano se mit à chantonner, quelques fragments de symphonie nébuleuse. Tu te remis à te bercer dans un rythme de gémissement, tout doucement, suspendu à un plaisir presque palpable. Quelqu'un quelque part devait être en train de recoudre le ciel, la plaie se faisait plus petite, un infime filament vermeil se glissait encore dans la goutière. Je te regardais, confiner dans un espace qui jusqu'alors était sans musique, comme de l'air qui se soulève dans la pièce, sous tes notes qui caressaient mon corps. Après tout, nous n'étions que deux de ces milliers de Je qui se croisent et s'entrecroisent. Comme une balerine dans une boîte à musique hors de tout souvenir je me mis à tournoyer. Dans une légère allégresse, j'apprivoisais le rythme de ta mélodie, une cadence à laquelle je juxtaposais mon coeur, la vie, à l'extérieure reprenait son train pendant que nous nous éloignions de la gare, le prochain passera plus tard, il n'y avait plus aucune presse. J'avais fermé les yeux, mes paupières voilaient d'un velours ébène mon regard, ma mélancolie s'était fondue au délire de tes mains sur les touches. Je respirais enfin, quelque part, un air qui s'offrait alors à moi. Et tu poursuivais, sans t'arrêter. J'aurais tout de même aimer apercevoir ta révérance, ce n'est qu'en ouvrant les yeux que je pus comprendre que tu n'étais plus là. Ma voix t'appela, dans une plainte, et je ne te conaissais pas. Ton prénom manquait à mes mots comme le prélude qui aurait dû être jouer avant que tu ne commences ta berceuse. N'avais-je alors été qu'un appat à la chanson? Je valsais encore, pourtant, seule, au millieu du salon devenu trop grand. Je me souviens. Sans pouvoir t'écrire. La plume a fait une tache sur le papier, peut-être t'écrirais-je cette lettre demain, enfin... Puisque de toute manière jamais tu ne la recevras. Comme ces milliers de rencontres fracassées et envolées que l'on peu faire. Mais sans toi, je ne sais plus à qui penser... C'est dur d'oublier ce que l'on ne connait pas.

ps: Oui. C'est vrai. Certaines de mes amies, surtout celles que je connais depuis plus longtemps ne connaissent pas ce lieu. Absurde? Certes. Peut-être parce qu'elles comprendraient un peu trop ce qui se cache sous un tas de mots, qu'elles ne comprendraient pas dutout, ou alors parce qu'elles ne verraient plus cette innocence que j'avais alors glissée quelque part entre la pupille et l'iris...
ps (bis): Merci à vous aussi, pour ce si beau compliment : «Liberté reste toujours très polie malgré tout. Avec elle, ce n'est pas tellement conventionel. Ce n'est pas "Tais-toi et écoute" mais bel et bien "Tais-toi et découvre", à ne surtout pas confondre.»

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Commentaires
M
MAGNIFIQUE <3
S
J'adore le commentaire de "Lui", je penses qu'il est un peu le seul qui a compris comment lire tout ce blog.<br /> Et en passant, ton texte est vraiment sublime.
A
"la vie, à l'extérieure reprenait son train pendant que nous nous éloignions de la gare, le prochain passera plus tard, "<br /> et cette phrase-là aussi
L
Bizarrement à travers ce texte j'ai à la fois l'impression de ne pas te connaitre et de te rédécouvrir comme avant...<br /> <br /> étrangeté quand tu nous tiens...
A
Elle était vraiment bien choisie cette phrase.<br /> C'est surtout toujours bien de pouvoir échanger des trucs d'art avec toi. Au moins il y a un fond, on ne dirait pas juste quelqu'un qui récite des mots d'un autre.<br /> <br /> Joli, ce texte.
Un salon de thé sur la rue Blue Heart Sunset. WONDERLAND.
  • Petit endroit pour vider mes poches de mes mots, coin de rêverie, de petits bonheurs et de nuages sombres qui voilent et tamisent parfois... Des douceurs, des petites larmes qui perlent le coin des yeux pourtant rempli d'étoiles et de Mots...
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