La folie de l'instant efface la réalité pour créer un plus grand espace à l'imaginaire...
La porte qui se referme, n'ais pas peur, fais-moi confiance, doucement Petit, doucement, respire doucement. Gardes les yeux ouvert, n'éteint pas ton regard, gardes ton esprit en toi, mais laisses ton âme s'échapper, laisse-là me frôler du bout de ta sensibilité, encore et encore, au point de t'en faire trembler. Et vibre. Vibre et vis, subit, subit la vie, pour une fois, ne t'échappe pas dans le coma émotionel, gardes ton coeur battant, et sent comme il te fera monter, monter si haut, puis descendre si bas que tu en hurleras, tes os brisés, fracassés, épars en ton être disloqué. S'étoile la folie sur la toile nocturne qui voile mon regard. Prend place sur le grand fauteuil indigo, mêle l'ébène de ton costume à la nuit, et regarde. Ne m'arrêtes surtout pas Petit, je t'en prie, laisse-moi tourner, tourner, tourner et voltiger! Et je tournes, mon coeur se lève, ivre, remonte aux abords de la gorge, à la surface de mes lèvres, et déborde le liquide vermeil qui coule le long de mon cou, sillonant ma peau, traçant le monde sur mes épaules. La pièce est trop petite, je me heurtes contre les murs, mais je tournes, et parfois en trébuchant je hurles, et toi Petit tu observes, impuissant, assis sur ton grand fauteuil, tes prunelles qui ne savent plus où se poser, et ta main tendue, tes doigts diformes, comme prisonnier dans l'espace, ton poignet semble enchaîné dans le vide, ton bras en suspend ne bouge plus. Tu ressembles à un statue Petit, figé hors du temps. Des bleus se tracent sur ma peau, et la douleur dessine des larmes dans le creux de mes yeux. Et crac. On entend les os qui se déboîtent. Je ne t'apperçois, j'ai laissé tomber mon regard quelque part sur le parquet de bois franc, je ne le retrouve plus, et ne vois plus rien. Plus rien que le bourgogne des murs qui tournent, tournent, comme mon corps esseulé. Et je sens tes mains, tes mains qui me rattrapent, me colent à toi, ton corps, brûlant, ta peau... Mais où est ton costume Petit? La cravate pend à la poigner de la porte. Immobiliser contre ta fragilité je sens que le sol ne cesse pas de bouger, comme un navire en pleine tempête. Et continue de tournoyer ma tête. Nous bongeons, et je ne sais plus si nos pieds touche le sol, Petit. Je ne sais plus. Petit... Petit. Nous valsons, je sens mon corps tanguer contre le tiens, et le mur froid dans mon dos, et ton être couvrant ma peau de brûlures sur mon ventre. Je sens tes os se serrer contre les miens et tes mains écrire sur chaque grain de ma peau. Et tu hurles, toi aussi, Petit. Tes lèvres, mes frissons. Ta bouche, mon coeur complètement fou. Tes yeux, les étoiles qui en tombent et me recouvrent. Tes mains, mon échine arcquée. Ton ventre, mes jambes qui ne me supportent plus. Ton souffle, mon coeur qui ne répond plus. Tes mots, le monde n'existe plus. Et le sol nous acceuille Petit. Nous. Nous trois. Toi. Moi. L'amour. Dans un mélange tellement délicieux et infiniment délectable. Et demain, Petit, et demain? Oui, tu as raison, Petit... Demain, nous tournoirons ensemble, ivres, l'un de l'autre. Demain, nous hurlerons ensemble, de bonheur. Ta cravate tombe, la porte s'ouvre, sur ce chemin que nous empruntons, les doigts entrmêlés...